lundi 7 avril 2008

Ecoutez ça si c’est chouette !

Barbara à la télé en 1961 Discorama

Tous ceux qui ont un peu vécu connaissent l’air et les paroles la chanson « la plus bath des javas» ou tout au moins son refrain :

Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
Écoutez ça si c'est chouette !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
C'est la plus bath des javas


Ce qu’on sait moins - mais on est là pour ça - est que la chanson a été écrite en 1925 par Georgius pour les paroles et Trémolo pour la musique. C’était au temps des années appelées depuis « folles » et qui l’ont bien été, folles et plus que folles, à plus d’un titre : folie douce et folie furieuse mélangées. Dans la catégorie folie douce, et particulièrement en matière de chansonnettes, on y a produit des tas de choses que personne n’oserait écrire aujourd’hui.

Toutes ces chansons n’ont pas disparu car quelques artistes des générations suivantes ont eu la bonne idée de les inscrire à leur répertoire. Et c’est ainsi que « la plus bath des javas » a été chantée, entre autres, par Andrex, Mouloudji, Renaud. Et aussi par Barbara en 1961 dans l’émission de Denise Glaser «Discorama»

On peut l’entendre facilement car on la trouve sur YouTube à de nombreux exemplaires gratuitement mais en VR (version ratatinée). Sur le site de l’INA la chanson est en VO, mais il faut d’abord s’inscrire et ensuite payer (1,50€) Je l’ai fait. Ca vaut le coût. Sauf qu’il y a quand même un problème. C’est qu’on n’entend pas exactement ce qu’a écrit Georgius.

En effet, la chanson raconte les amours de Nana et Julot, une histoire qui se termine mal car son héros finit sur l’échafaud. Il y a là-dedans quelques mots de l’argot de l’époque dont tout le monde comprend ou devine encore la signification. Mais il y a aussi ces vers au sens aujourd’hui énigmatique :

L'échafaud se dresse là
L' bourreau qui n' s'en fait pas
Fait l' couperet à la pâte Oméga

Dans la version interprétée par Barbara en 1961 à la télévision on n’entend pas tout à fait la même chose mais :

L'échafaud se dresse là
L' bourreau qui n’ s'en fait pas
Chante un air d’ la Traviata
La, la, la , la, la ......


A quoi rime ce changement ? Pas à une question de rime, sans doute. Parce que, pour rimer avec « qui ne s’en fait pas » Traviata ne vaut guère mieux qu’Oméga. Parce qu’on est à la télé, pour éviter tout message ayant un aspect publicitaire ? Peut-être. La pub, toujours la pub, encore la pub. Personnellement je le regrette : si sans cesse on réécrit l’histoire on finira par ne rien y comprendre. Si ce n’est déjà fait. Sans doute on trouvera quelqu’un qui, un jour, pour un pensionnaire de la Star Ac, écrira quelque chose comme :

Tandis qu’l’échafaud s’accommode
Le bourreau qui suit la mode
Ecoute Johnny sur son Ipod.


Mais qu’il fasse gaffe, je lui réclamerai des droits d’auteur.

Reste à savoir ce qu’était cette fameuse pâte Oméga. On trouve la réponse dans les buvards publicitaires qui remontent au temps où les écoliers écrivaient encore avec une plume sergent-major trempée dans l’encre de l'encrier.




C’était aussi le temps où toutes les cuisines, en ville comme à la campagne, étaient équipées d’une cuisinière qui fonctionnait au bois ou au charbon et qui servait à la fois à la cuisson des aliments, au chauffage de la pièce et à la production d’eau chaude. Les ménagères soigneuses avaient le soin d’entretenir et de faire briller cet instrument essentiel et ses accessoires. C’était, évidemment, le cas de la femme du bourreau qui utilisait pour cela cette fameuse pâte Oméga. Ce qui n'avait pas échappé à son fidèle mari, pourtant plus que tout autre exposé au stress. Sans le savoir, d'ailleurs, puisque le mot n'avait pas encore été inventé.

Musée Palaisien du Hurepoix

Pour voir et écouter Barbara on a le choix entre : gratuit mais moche sur YouTube, ou correct mais payant sur l’INA. A vous de juger : c’est comme pour les pensions alimentaires : selon les moyens de celui qui donne et les besoins de celui qui reçoit.

Si vous aimez rire et chanter, sans forcément boire, allez donc faire un tour du côté du site de l’astérisque vert : c'est ici
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Si vous voulez avoir une idée de ce qu’était la vie avant l’invention du téléphone portable, à la fin du XIXè siècle et au début du XXè, allez avec vos enfants à Palaiseau visiter le Musée Palaisien du Hurepoix. Superbe, sérieux et patient travail de bénévoles, accueil très sympathique. Et c'est près de Villemoisson.
adresse de leur site Internet ici
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Dans la même idée d'un voyage dans le passé est notre série de pages intitulée : "en ce temps-là" où sont évoquées, entre autres, les années 1903, 1904, 1905, 1916, 1917, 1918, 1934 et que l'on peut atteindre en cliquant ici >>>>

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