vendredi 18 avril 2008

Flash-back 2008-1918-2008

C’est Wikipédia qui le dit et on peut croire Wikipédia : (c’est sérieux, j’y participe) le flash-back se définit ainsi :

« Dans une narration cinématographique, un flashback (ou flash-back, terme anglais qui peut se traduire par « retour en arrière » est un procédé d'inversion, qui, dans la continuité narrative, fait intervenir une scène s'étant déroulée préalablement à l'action en cours ou principale.
En général, le flashback s'articule donc autour d'un élément pivot, raccord d'un instant du temps principal du récit à un instant antérieur, puis grâce à un deuxième élément pivot, qui est le plus souvent une variation du premier, érigé en référence, il est opéré un retour au temps principal du film. »


Le point de départ de notre flash-back est une image d’aujourd’hui ; un paquet de cigarettes sur lequel on lit dans un épais cadre noir et en grosses lettres noires comme sur les faire-parts de deuil « Fumer tue » Tout le monde connaît et les commentaires ne sont pas nécessaires, surtout à l’heure où l’on vient d’interdire de fumer dans les lieux publics.


L’image suivante de notre flash-back qui constitue le retour à une période antérieure est beaucoup moins connue que la précédente. C’est un dessin d’enfant, élève de l’école de la rue de L’Arbre-Sec à Paris, vraisemblablement une fille. Il est daté de 1918.




C’est une des nombreuses images réalisées par les élèves des écoles de Paris âgés de onze à quinze ans à qui il avait été demandé de dessiner des affiches sur le thème des restrictions. Les sujets retenus par les gamins et surtout les gamines (le journaliste de l’Illustration nous apprend que les filles ont montré beaucoup plus de talent que les garçons) sont divers : le blé, le pain, le sucre, les confitures, le tabac, les étoffes, le charbon, le lait, le café, le papier, le savon, le verre, la monnaie, le cuir, en fait les soucis quotidiens des mères de famille. Une page entière est consacrée par l’Illustration à l’événement. Les reproductions sont malheureusement en noir sur blanc.

Le troisième étage de notre flash-back, le retour en 2008, aboutit à Villemoisson sous le pont de chemin de fer, là où le cafard devait effectivement régner de temps en temps chez ceux qu’on avait enlevés à leurs familles pour veiller sur les voies de communication pendant la guerre 14-18, la grande guerre, celle qui devait être la der des ders. Ces soldats qui appartenaient aux classes les plus anciennes campaient dans le champ voisin, là où se trouve actuellement un groupe de quatre immeubles HLM. Ils ont gravé leurs noms sur les pierres de l’édifice. Ces traces de leur passage sont toujours visibles malgré l’usure, l’humidité, les bestioles, les malveillants, les ignorants et les tagueurs.


Parmi ces gravures on remarque celle de Paul Epiart qui nous indique non seulement son nom et la date :1914, mais aussi sa classe d’incorporation dans l’armée à l’occasion de son service militaire :1890, ce qui veut dire qu’il était né en 1870 et qu’en 1914 il avait 44 ans. Et on imagine qu’à son âge il n’a sans doute pas été facile de quitter travail, pays, famille et amis pour faire son devoir et de retrouver avec des inconnus à Villemoisson sous un pont.


Une grande indifférence entoure ces témoignages du passé devant lesquels, pour ma part, j’éprouve une certaine émotion lorsque je m’attarde à les regarder ou à essayer de les photographier correctement. Et je pense au temps, sans doute relativement proche où ils vont disparaître car les causes de détérioration vont en progressant et qu’il y de moins en moins de choses qui vieillissent bien en plein air. Qu’y faire quand tout le monde s’en fout ?

On trouvera, en couleurs, d’autres reproductions des affiches dessinées en 1918 par les enfants des écoles de Paris ici >>>>>

et une page consacrée aux gravures du pont de chemin de fer de Villemoisson ici >>>>>

Aucun commentaire: